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Les sans-abris demandent plus de respect et de droits

image SDF 03/10/2019 Nicolas Sohy

Le front commun des SDF s'est réuni ce matin devant le SPF Finance afin de dénoncer les difficultés pour obtenir une "adresse de référence". Cela ne suffira cependant pas à éradiquer le sans-abrisme.

D'ordinaire, on les entend assez peu. Mais la situation devient doucement intenable pour bon nombre d'entre eux. C'est pourquoi les sans-abris, réunis dans le "Front commun des SDF", une sorte de syndicat défendant les droits des personnes sans domicile fixe, ont organisé ce jeudi matin une manifestation devant la Tour des Finances. L'action a été soutenue pas plusieurs parlementaires bruxellois comme Jamal Ikazban (PS) et Zoé Genot (Ecolo).
Le Front commun dénonce essentiellement les manquements du système de l'adresse de référence. En Belgique, pour jouir de ses droits, les citoyens doivent en effet être domiciliés à une adresse. Les sans-abri peuvent à la place solliciter une adresse de référence auprès d'un CPAS. Lorsqu'ils ne vivent pas réellement dans la rue, mais dans un squat ou chez un pote, il arrive que ce soit plus compliqué. Ils doivent alors communiquer à l'État l'adresse de l'hébergeur en question afin d'être contacté en cas de besoin, sans pour autant apparaître dans la composition de ménage. "Le problème est que les CPAS exigent de plus en plus de documents, regrette le représentant du Front commun Jean Peeters. Il faut venir avec la carte d'identité de l'hébergeur, son avertissement d'extrait de rôle, le contrat de bail. Ces éléments ne sont pourtant pas prévus par la loi." Or sans adresse de référence, les Belges n'ont pas accès à leurs droits de citoyen, à la mutuelle, au chômage ou à la pension.

Remplacer le domicile par le registre national

Jean Peeters propose une alternative à cette adresse de référence: "Tous les droits sociaux et économiques pourraient ne plus être liés à un domicile, mais à un numéro de registre national. Donc si tu es Belge ou étranger en situation légale, tu as forcément un numéro, et donc tu aurais accès à tous tes droits." Le Front commun des SDF a une seconde revendication: le remplacement de l'appellation "sans-abri" par "habitant de la rue". Pas seulement par principe, mais aussi pour être plus inclusif. Les personnes qui vivent dans leur voiture ou dans le canapé d'un pote ne sont en effet généralement pas prises en compte dans les statistiques.

50.000 sans-abris en Belgique

Si ces revendications peuvent améliorer la vie de certaines personnes, elles ne résoudront cependant pas le sans-abrisme. Or le phénomène concerne, selon l'association flamande Dakloze Aktie Komité, 50.000 personnes en Belgique. Ce matin, on apprenait notamment que rien qu'à Liège, le nombre de SDF avait quadruplé en dix ans. La preuve que les politiques publiques sont insuffisantes? "Il existe, surtout à Bruxelles, une crise du logement abordable. Il y a assez de logements pour tout le monde, mais les loyers sont trop chers", répond le porte-parole du Rassemblement bruxellois pour le droit à l'habitat Ambroise Thomson.
L'Observatoire des loyers a publié hier un rapport qui le confirme: si les Bruxellois consacraient seulement 30 % de leurs revenus au loyer, il n'y aurait que 13 % des logements disponibles pour la moitié d'entre eux. Jean Peeters termine: "Venir à bout du sans-abrisme sera compliqué. On peut s'inscrire sur les listes d'attente de logements sociaux. En tant qu’habitant de la rue, on est prioritaires. Mais cela signifie qu'on est le 150e prioritaire de la liste. On demande dans l'immédiat de favoriser les squats réguliers. Il y a tellement de logements vides en Belgique que ça pourrait aider temporairement les gens. Mais au lieu de nous y aider, l'État belge a récemment voté une loi contre le squat… Des centaines de personnes n'osent plus le faire."



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