Syndicat des SDF de l'Union Européenne - Premiers pas


Historique : Année européenne de lutte contre la Pauvreté en 2010

L’année 2010 avait été consacrée par l’Union Européenne à la lutte contre la Pauvreté elle avait également comme objectif de s’attaquer aux difficultés dessyndicat-sdf.jpg personnes sans logement. Notre chance avait été que c’est la Belgique, notre pays, qui devait assumer la Présidence de l’Union Européenne, et donc, qui devait coordonner les actions de l’Union qui avaient cet objectif.

Comme le Front Commun sdf est considéré par les autorités belges comme une sorte de syndicat composé d’anciens et actuels sans abri. Notre objectif premier a toujours été de lutter pour que les gens de la rue puissent avoir une vraie carte d’identité, qu’ils soient couverts par une mutuelle, et qu’ils puissent jouir d’un minimum de revenus, exactement comme une personne qui a un domicile.

Lorsque l’UE a proposé d’organiser une « Conférence Européenne de Consensus1 » à Bruxelles en décembre 2010, une vaste consultation des personnes à la rue devait être réalisée dans toute l’Europe. Le Ministre belge concerné, a suivi notre proposition selon laquelle, pour être vraiment plausible et différente des enquêtes scientifiques, cette consultation devait être confiée à une organisation composée d’anciens et actuels sans abri. C’est donc le Front Commun SDF qui a reçu cette mission difficile : faire une enquête auprès des sdf de 5 pays de l’Union Européenne.



Parmi ses recommandations, le jury, avait recommandé de construire au départ des réseaux informels existants, comme le réseau virtuel HOPE (de personnes sans domicile) et le réseau des personnes sans domicile impliquées dans le processus de la Conférence de consensus (Front SDF)afin de faciliter la participation des personnes sans domicile dans la coordination et l’élaboration continues des politiques au niveau de l’UE (p. 18).

Or, dans la tête des participants à la consultation européenne, il était déjà clair qu’il ne fallait pas s’arrêter à une action ponctuelle, mais qu’il fallait continuer, après la Conférence de Consensus, pour créer un vaste réseau de sans domicile en Europe, afin de faire respecter les propositions du jury et défendre les droits des sans domiciles européens.

Cette recommandation venant du jury lui-même est la porte ouverte pour développer un réseau qui agirait comme un véritable syndicat.

NB : Sous l’égide de la Feantsa http://www.feantsa.org un réseau de sans domicile existe déjà (HOPE). Ce dernier est considéré plutôt comme un réseau de personnes utilisant les services aux sans-abri, mais n’agit pas comme un syndicat combattant pour l’acquisition et la défense des droits des sans domicile. Nous voulons travailler ensemble évidemment.


Les défis

La conférence de Consensus avait révélé la volonté de l’Europe de mettre fin au sans abrisme. Certains auraient voulu mettre une date et un slogan : « Supprimer le sans abrisme pour 2015 ». Les prétextes sont très bons et louables : c’est contre la dignité de l’homme que de vivre à la rue – il faut aider tous ces gens à ses trouver du logement etc…. C’est dans cette perspective qu’un slogan est né : « housing first ».

Mais la réalité d’une Europe ultralibérale a vite montré son vrai visage, car sous prétexte de « mettre les gens à l’abri », certains pays ont déjà commencé à emprisonner des personnes qui sont à la rue (Budapest, Hollande…) ou à les envoyer de force dans des lieux de travail.

C’est pourquoi, nous devions combattre à plusieurs niveaux :

  • Niveau Européen : surveiller de très près les textes qui seront proposés aux pays européens, afin de supprimer toute confusion entre « logement » et « abri » ou « accueil ». Ce que les européens veulent en fin de parcours, c’est un vrai logement, propre, décent et à prix raisonnable ; c’est tout à fait autre chose qu’un accueil dans une maison communautaire
  • Niveau local : favoriser la naissance d’organisations indépendantes de sans abri qui pourraient agir comme un syndicat national. Les soutenir dans leur lutte pour une vraie reconnaissance dans leur pays, afin de pouvoir défendre les droits de leurs compatriotes sans abri

Actions

  • Deux réunions s’étaient déroulées à Bruxelles, l’embryon d’un syndicat avec des : Français, Allemands, Hollandais, Belges. avait été élaborée à cette occasion.

  • Nous avons envoyé du courrier au Parlement européen pour faire remarquer la contradiction qui existe au sein du Parlement. En effet, dans une proposition, ils parlent de mettre tout en œuvre pour soutenir, aider, faire des actions préventives.

  • Or, la déclaration du Parlement Européen du 16 Décembre 2010 demande au Conseil de l’Union Européenne, de s’engager, à mettre fin au sans-abrisme de rue d'ici à 2015. Pour nous, cela signifie la chasse aux sans-abri, le nettoyage des rues et des gares.

Les 27 pays de l’Union avait envoyé des représentants des gouvernements, des associations, des travailleurs sociaux…. Durant deux jours, les conférenciers et groupes de travail s’étaient succèdés sous l’œil attentif d’un jury. La spécificité de ce genre de réunion, c’est que aucun des juges n’est impliqué dans la problématique des sans abri, ils sont donc « neutres ». Trois mois après, ils rendaient leurs conclusions dont plusieurs rencontraient nos attentes : arrêter le cercle vicieux de « la rue-la maison d’accueil-logement privé et de nouveau la rue-maison d’accueil…… De là est né le célèbre « housing first ». Un autre thème était celui des gares qui a débouché sur le « Hope in Station », et des « référents sociaux » dans les gares de bien des pays de l’UE.

Fin d'un beau rêve

Après trois ans de travail et d’échanges de mails et de téléphone, le mouvement s’est tout doucement mis en veilleuse. En effet, étant tous bénévoles, les moyens manquaient pour des rencontres physiques, difficulté des langues, méfiance et surtout indifférence des personnes concernées qui ne croyaient pas à un aboutissement positif, et rivalité avec « Hope », une émanation de la Feantsa (qui a les possibilités financières voulues), mais qui n’a rien d’un syndicat ni de membres vraiment militants.

Aujourd’hui, nous ne regrettons rien, nous étions peut-être en avance sur notre temps, mais nous sommes certains que d’ici quelques années, nos revendications seront attendues :

  • Une identité réelle pour tout membre d’un des pays de l’UE qui est sans domicile dans un des pays de l'UE.
  • Un minimum de soutien financier, ne fusse que 300 € par mois pour ces mêmes personnes. Cette somme (ou +) serait perçue dans le pays où la personne est présente, mais remboursée par l’UE. Chaque pays de l’UE étant taxé selon le nombre de leur population pour constituer une caisse commune




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